Le billet de Gérard Leclerc

Gérard Leclerc, est un journaliste, philosophe, essayiste catholique. Proche du défunt cardinal Jean-Marie Lustiger, ami de Jacques Julliard et de Régis Debray, il collabore maintenant à de nombreuses publications et médias dont Le Figaro, Le Spectacle du Monde, KTO et surtout à l’hebdomadaire France catholique et à Radio Notre-Dame où il est éditorialiste.

Pour Michela Marzano

Décidément, on retombe toujours dans les mêmes impasses. La première impasse, dans cette affaire du mariage gay, c’est la mise en équivalence de ce qu’on appelle l’homosexuel et de ce qu’on appelle l’hétérosexuel, comme si désormais toute la vie sociale était commandée par cette distinction qui serait devenue la seule structurante. C’est une erreur totale. L’homosexuel est une invention récente dans l’histoire des mentalités aurait dit Michel Foucault. On a inventé l’hétérosexuel pour être son répondant, son anti-thèse, de telle sorte que désormais la société soit libérée de la seule différence significative, qui est celle qui sépare et réunit l’homme à la femme. Et on fait semblant de mettre sur le même pied le couple homosexuel et le couple hétérosexuel. Cette pure imposture s’auto-célèbre dans le déni de la réalité des relations homosexuelles. Ceux qui refusent de tenir compte de cette particularité se cachent les yeux. S’il est vrai que des homosexuels peuvent faire preuve de générosité, en se mettant au service d’enfants pour lesquels ils éprouvent une réelle affection, il n’est pas vrai que le couple homosexuel dispose des ressources équivalentes aux couples hommes-femmes pour permettre la maturation psychologique nécessaire et le travail d’identification en quoi consiste le processus d’affirmation de soi. J’y pensais l’autre jour en lisant un article de la philosophe Michela Marzano, que j’apprécie par ailleurs. Elle entend justifier à toute fin et la mariage homosexuel et l’adoption par le couple du même sexe, mais toujours à partir du déni obstiné de la seule différence significative, fondatrice et humanisante.

Égalia

Vous avez entendu parler d’Égalia, vous ? Non ? C’est que vous n’êtes pas encore assez branché, car Égalia, c’est, paraît-il, l’extrême pointe de l’éducation moderne, post-moderne, hyper-moderne, comme vous voudrez. Ça se trouve en Suède et c’est destiné aux gosses de un à six ans, à qui on veut faire goûter les joies d’une formation disons transgenre. À Égalia, les copains et les copines ses sont simplement des amis. Garçons et filles, on ne connaît pas. Il est interdit de dire Il ou Elle et le recours aux contes de fées est proscrit. Pensez-donc des histoires de bergères qui rêvent d’épouser des princes ! Sus aux archaïsmes ! On raconte d’autres histoires aux gosses, où il est question de familles dont les parents jouent à la fois le rôle de père et de mère puisqu’ils sont forcément homosexuels. La perfection des perfections ! Oui, mais moi ça ne me fait pas rire du tout, car c’est tout simplement du totalitarisme soft. Ces pauvres gosses on les fait rentrer dans des cadres a priori, rigides, idéologiques, au mépris de ce qu’ils sont et surtout de la patiente construction de soi-même en quoi consiste l’appropriation de son identité. Est-ce là le monde qu’on nous prépare ? En ce cas, c’est l’insurrection générale qu’il faut préparer contre ce que Gunther Anders aurait appelé l’abolition de l’homme.

Fluidité du genre

Serge Hefez vient de publier un essai intitulé « Le nouvel ordre sexuel » où il explique que nous assistons à un décloisonnement des sexes. Interrogé par Madame Figaro, il précise : « Jusque ici la manière d’être femme ou d’être homme était prescrite de manière rigide en fonction de leurs attributs sexuels qui déterminent la place des uns et des autres dans la société. La nature a établi cet état de fait, l’Église l’a confirmé, et la science l’a entériné. Aujourd’hui, cet « ordre des choses » s’assouplit et se déconstruit au profit d’une plus grande fluidité des rôles, des places et des compétences. » Il y aurait énormément à dire sur ce type de discours si prisé dans la culture bobo et la mouvance du gender. Mais sous couvert de fluidité, de tolérance, de pluralité, il engage dans une voie qui détourne les garçons et les filles de s’approprier leur sexe, singulièrement dans la phase délicate de l’adolescence. On ne leur rend pas du tout service, alors même qu’on voudrait les bercer de propos lénifiants. La construction de soi n’a pas été inventée par Mme Judith Butler. Elle est de toujours. Mais pour être humanisante et libératrice, elle doit respecter la constitution charnelle des uns et des autres et promouvoir l’apprentissage tranquille des rôles, où le pôle paternel et le pôle maternel constituent les repères fondamentaux de l’aventure humaine. Décidément, ce temps est celui des démagogues et des imposteurs.

Du côté de Marianne

Lecteur habituel de Marianne, vais-je devoir renoncer à mon magazine du samedi  ? Je me pose la question, parce qu’après lecture du dernier numéro, je me demande encore si je suis bienvenu comme lecteur. Certes, ce n’est pas la première fois que je suis en désaccord formel avec un article de ce journal. J’accepte volontiers la controverse et suis stimulé par l’opposition. Mais là c’est très différent. L’enquête qui m’est proposée sur l’homoparentalité, présentée sous les plus heureux auspices, se moque de mes éventuelles objections. Elle m’exclut par principe dès lors que je n’entre pas dans ses cadres idéologiques. Cadres qui supposent que le monde soit divisé entre homos et hétéros, que l’on parle désormais la novlangue adéquate et que l’on jongle spontanément avec un droit recyclé, où paternité et maternité s’effacent des textes et des têtes. Mais je réalise soudain qu’avant moi, pour intégrer cette belle culture, ce sont d’abord les rédacteurs de Marianne qui vont devoir se recycler sérieusement.

Les mots piégés

Terreur de l’homophobie. L’homophobie terrorise tout le monde, même certains évêques, qui craignent que leur défense du mariage, donc de l’union de l’homme et de la femme, ne les fasse passer pour des ennemis des personnes à orientation homosexuelle. Attention, nous sommes toujours dans le champ sémantique où l’emploi des mots recouvre des objectifs de combat. La charité commande d’aimer et de respecter nos semblables, frères et sœurs, au delà de leurs qualités ou défauts. Il n’est pas question de haïr l’autre à cause de certaines de ses tendances. Mais nous n’avons pas à nous laisser hypnotiser ou impressionner par les mots piégés. C’est pour le coup que l’essentialisation des qualificatifs brouille tous les repères. L’homosexualité ne saurait définir en soi la personne. L’homophobie ne doit pas venir brouiller notre faculté de discernement.

Vous avez dit homosexuel ?

Tout le monde parle d’homosexualité, de mariage gay, d’homophobie. Mais sait-on vraiment ce que l’on désigne par là ? Sûrement pas. Car dans cette affaire on déploie un véritable rideau de fumée.  Tout est parti d’une supercherie, l’invention de l’hétérosexuel afin de pouvoir mettre cette notion en équivalence de celle d’homosexuel. Cette catégorie arbitraire s’est substituée à la seule notion qui rende compte de la réalité humaine : la différence sexuelle homme-femme. N’en déplaise à Nathalie Kosciusko-Morizet, l’homosexualité n’est pas un état, car ce qui la distingue c’est sa foncière instabilité. Mais vous voulez en savoir plus ? Lisez de toute urgence L’homosexualité en vérité de Philippe Ariño (Frédéric Aimard éditeur).
Quelle est la valeur juridique d’un acte de naissance sans filiation ?
Liberté de conscience des maires

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